Problématique générale

Mon blog rassemble l'ensemble de mes recherches, réflexions et interrogations autour de la question de la transculturalité dans ma pratique au quotidien de travailleur social auprès de personnes migrantes, notamment des femmes isolées avec leurs enfants. Je puise la plupart de mes sources dans les recherches effectuées en psychiatrie transculturelle, c'est-à-dire le fruit d'un croisement entre la psychanalyse, l'ethnologie et l'anthropologie.

mardi 13 janvier 2009

Présentation

Ce blog s'adresse aux éducateurs ou professionnels du travail social travaillant auprès de personnes migrantes.
Je suis éducatrice de jeunes enfants et je travaille depuis presque 6 ans au sein d'un centre maternel et d'un Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale en Ile de France. La majorité des personnes que nous hébergeons -femmes seules avec jeunes enfants, femmes enceintes, femmes ou couples avec enfants - viennent d'Afrique du Nord et Afrique Noire (Mali, Côte d'Ivoire, Sénégal, Cameroun, Congo, Guinée, Comores...). J'ai travaillé quelquefois auprès de femmes issues de pays de l'Est (Roumanie, Tchétchénie).
Au fil des mois puis des années, ma pratique auprès de ces familles a évolué...par nécessité, par respect pour elles et pour moi-même. En effet, des réactions, des petits faits en apparence anodins, des incompréhensions que je mettais sur le compte de leur situation de précarité, parfois même des situations de violence, m'ont fait prendre conscience du non-sens de ce que nous, travailleurs sociaux tout-puissants, pouvions véhiculer.
Quand un gouffre sépare deux personnes, il ne s'agit pas pour l'une des deux de sauter, mais plutôt de construire une passerelle pour que la rencontre puisse se faire. L'entreprise est de taille, mais il me semble que nous ne pouvons plus en faire l'économie, à moins de nier l'Homme en tant qu'être imprégné de culture, donc d'un sens qui ne nous est pas immédiatement accessible parfois.

Ce blog vise donc à rassembler des données, des articles, des expériences et témoignages de travailleurs sociaux ou autres professionnels engagés dans l'accompagnement de personnes migrantes. Je souhaite faire partager mes réflexions et mon propre vécu de ces rencontres où l'entre-deux culturel est un fil invisible, fragile, comme un passage où il est possible de laisser cet Autre inconnu exister dans tout ce qui le caractérise, avec ses représentations du monde, ses croyances, ses pratiques... Et s'il s'avérait que cet Etranger n'était pas si éloigné de moi ?

3 commentaires:

  1. Bonjour Morgane, je suis éducatrice spécialisée auprès de jeunes Mineurs Etrangers Isolés (MEI) et souhaite te faire part de mon témoignage de terrain les concernant.
    A la croisée du droit des étrangers et du droit de la protection de l’enfance, les mineurs étrangers isolés vivent des situations inextricables. Le flou juridique qui prévaut et le manque d’approche globale coordonnée au plan national favorisent une hétérogénéité des pratiques, sources d’inégalités. Faute de statut, la plupart des jeunes accueillis ont pour seule perspective, à leur majorité, la clandestinité, ce qui rend difficile tout projet de vie et d’intégration.
    Je travaille depuis trois ans dans une MECS (Maison d’Enfants à Caractère Social) au sein de la Fondation d’Auteuil et je peux dire que la grande difficulté que représente l’accompagnement des jeunes mineurs et majeurs étrangers est le manque de clairvoyance des situations diverses et donc une projection dans l’avenir très réduite avec des obstacles supplémentaires pour monter un projet personnalisé cohérent.
    En plein essor depuis 1999, le phénomène des MEI (Mineurs Etrangers Isolés) peine encore à susciter des réponses justes et adaptées à chacun. Les disfonctionnements sont tels que leur sort constitue désormais le troisième motif de saisine du juge pour enfants. Sur le terrain, on assiste chaque année à une recrudescence de l’accueil de ces jeunes qui se heurtent à nombre de difficultés techniques et juridiques.
    La MECS dans laquelle je travaille accueille des MEI dans le cadre de l’article 375-3 du Code civil sur les enfants en danger. Ces jeunes peuvent donc bénéficier d’un dispositif de protection et de mesure d’assistance éducative jusqu'à leur dix-huit ans voire vint et un ans dans le cadre d’un contrat jeune majeur.
    Aujourd’hui il me semble fondamental de se poser la question de savoir comment l’éducateur peut travailler sur la construction à terme d’un projet individualisé, comme nous l’impose la loi 2002-2 rénovant l’action sociale et médico-sociale, si l’ASE n’est qu’un point de passage dans un parcours clandestin.

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  2. Bonjour Morgane,
    Je te félicite d'abord pour le courage et la volonté que tu as à connaître et comprendre la culture de l'autre. Bref; cette démarche est primordiale dans la vie de tout être humain, car c'est en comprenant ce qu'est l'autre que je juge différent de moi que l'on sait réellement ce qu'il est et non ce qu'on pensait qu'il était(jugements de valeurs, préjugés...) Je suis travailleur social et en même temps une africaine. Je peux te rassurer qu'en Afrique, il ya une diversité de cultures. Chaque peuple à son histoire, sa culture et ses moeurs) qu' on ne peut pas en aucun cas généraliser. A propos de "l'enfant ancêtre", pour ce qui est à ma connaissance, c'est après la naissance de l'enfant qu'une cérémonie de sortie s'organise dans la famille de l'enfant. Cette cérémonie est assimilée au baptême traditionnel. C'est grâce à cette cérémonie de sortie de l'enfant que l'enfant appartient corps et âme à sa famille. C'est-à-dire que ce sont ces rituels qui lient l'enfant aux marnes des ancêtres de la famille. L'un des rituels de la cérémonie permet de connaître l'ancêtre qui réincarne cet enfant. Généralement on affirme que cet enfant a les même caractères ou ressemble à cet ancêtre qu'il a incarné. D'autres personnes âgées préfèrent appeler l'enfant par le prénom de celui qu'il a incarné et non pas par son propre prénom. Il faut signaler que c'est au cours de la dite cérémonie qu'un prénom indigène est donné à l'enfant. Par ailleurs, si un enfant est né juste après le décès d'un parent, le prénom indigène lui est donné en fonction du sexe de la personne morte. La famille suppose que la personne perdue est revenue sous un autre aspect. Une fois encore, je peux t'affirmer qu'en Afrique les coutumes ne peuvent pas être généralisées. La preuve est qu'à la fin de ma formation d'assistante sociale, j'ai été fait trois mois de stage dans le but de la réalisation de mon mémoire dans un département autre que le mien. Les résultats des enquêtes socio- culturelles que j'ai menées m'ont permis de connaître d'autres réalités absolument différentes de chez moi que j'ignorais.

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  3. Bonjour,

    Je suis étudiante en psychologie à l'université de Mons en Belgique. Je suis actuellement en train de réaliser mon travail de fin d'étude sur la problématique de l'autisme à Kinshasa. Auriez-vous de la documentation et des articles sur le sujet (représentations sociales du handicap mental en Afrique, place de l'enfant dans la famille africaine, etc.)

    Merci

    Anaïs Martin

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